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Caché dans la maison des fous / Daeninckx, Didier (1949-....). Auteur
Livre
Edité par Éditions Bruno Doucey. Paris - 2015
Elle s'était levée au moment où l'ambulance Ford manoeuvrait pour se garer sur la place, le faisceau des phares balayant la façade de grès. Elle était montée sur un banc pour apercevoir le médecin et le photographe qui se dirigeaient vers l'arrière du véhicule, leurs pas imprimés dans le tapis blanc qui déjà recouvrait le gravier. Une jeune femme en était sortie la première, le visage encadré par une épaisse chevelure noire, enveloppée dans une ample cape, puis un homme vêtu d'un pardessus croisé, les traits obscurcis par l'ombre portée de son chapeau, était apparu. Il s'était légèrement incliné pour allumer une cigarette, et la flamme vacillante avait éclairé un regard curieux, presque inquiet, celui que l'on promène sur ces endroits inconnus où l'on arrive sans les avoir choisis. 1943 : asile de fous de Saint-Alban, en Lozère. Une jeune résistante, Denise Glaser, vient s'y cacher. Au même moment, Paul Eluard et sa compagne s'y réfugient. Didier Daeninckx nous entraîne à leurs côtés, dans une plongée vertigineuse aux confins de la normalité, là où surgit l'art brut et où la parole des fous garantit celle des poètes.
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L'asile de la liberté
J’ai beaucoup aimé ce petit livre de Didier Daeninckx, à peine 118 pages, qui retrace l’histoire véridique de cet asile d’aliénés, au fin fond de la Lozère, durant la 2ème Guerre Mondiale. Car ceux qui sont Cachés dans la maison des fous, ce sont non seulement les vrais fous à qui les pionniers de la psychiatrie moderne tentent de rendre leur humanité par des méthodes novatrices, mais aussi les Résistants pourchassés ou les Juifs en cavale. On y croise ainsi Paul Eluard alors qu’il vient d’écrire son poème Liberté. On y découvre aussi la toute jeune Denise Glaser, encore une grande dame oubliée de l’Histoire, future découvreuse de tant de talents de la chanson française comme Ferrat, Moustaki, Barbara, mais alors Juive pourchassée et Résistante de la première heure. C’est un monde à l’envers que semble nous décrire Didier Daeninckx. Dans cette terrible époque de l’Occupation, la maison des fous devient l’asile au sens propre, le havre de paix, le refuge de tous ceux qui ont su garder leur humanité tandis qu’à l’extérieur de l’enceinte, le monde lui-même est devenu fou. Leçon de vie pour période troublée. Un bel hommage à toutes ces personnes qui ont eu le courage de rester elles-mêmes malgré les circonstances...
CATHERINE (de Fontaine) - Le 25 novembre 2021 à 10:53